L'urgence climatique représente le plus grand des défis pour l’aménagement de nos territoires, comment parvenir à une territorialisation harmonieuse des politiques environnementales ?
COOPÉRER POUR AMÉNAGER
Entre le national et le local, les articulations paraissent aujourd’hui troublées. Certains dispositifs sont encore une déclinaison hiérarchisée du national vers le local. D’autres privilégient les initiatives locales, censées remonter jusqu’au national par d’invisibles mains coordinatrices. Nécessité affirmée d’une stratégie globale d’un côté, éloge de la proximité et de l’inventivité locale de l’autre, le municipalisme retrouvant via des courants idéologiques hétérogènes une actualité inédite. La territorialisation par les règles d’un « chacun prend sa part » pose la question de l’indispensable contextualisation locale de l’action publique : prise en considération des spécificités des situations héritées mais aussi des diversités légitimes des politiques des collectivités. Pour autant, la transition écologique ne saurait se résumer à l’addition de projets locaux. Qu’il s’agisse d’énergie, de mobilité, d’habitat, de foncier, d’économie, d’agriculture, la vision multi-échelle est seule à même de garantir pertinence et efficacité. Ce n’est qu’en rapport avec des projets supra-locaux que les projets locaux trouvent sens. L’aménagement local a besoin d’aménagement du territoire national. Mais ce ne peut être un aménagement du territoire dicté d’en haut, façon Datar. L’aménagement du territoire dont nous avons besoin aujourd’hui sera coopératif.
DÉCENTRALISER POUR RELIER
La transition écologique impose de penser les territoires dans leur diversité, prenant en compte la singularité de leur géographie, de leur biodiversité (leurs écosystèmes et les services qu’ils rendent), de leurs ressources et de leurs dynamiques. Elle implique aussi de penser leurs interdépendances. Mais les politiques publiques jouent trop souvent la carte de la catégorisation. La géographie de l’action n’est pas celle des systèmes territoriaux multi-échelles. Se pose la question du processus de décentralisation qui conforte des périmètres de souveraineté locale au risque du renforcement de l’introversion des institutions territoriales. La décentralisation à l’heure de la transition écologique doit se faire vecteur de liens entre collectivités, de collaborations entre territoires. Elle ne vise plus à optimiser une improbable division spatiale du travail politique mais à faciliter les coopérations entre territoires.